Comment les outils numériques réinventent le dialogue social ?

e dialogue social

17 Nov 2021

Les outils numériques ont pris une place croissante dans nos vies au quotidien, leur utilisation s’est massivement déployée dans les entreprises. L’usage du numérique dans le champ du dialogue social n’est donc pas une nouveauté : la Base de Données Économique et Sociale (BDES) mise en place en 2013 via la Loi de Sécurisation de l’Emploi était déjà un premier pas. La crise sanitaire, conduisant au recours au télétravail imposé et de masse a contribué au déploiement des usages du numérique pour pallier la distance entre les directions et les représentants du personnel mais aussi entre les salariés et leurs représentants. Alors quelles sont les forces et les faiblesses identifiées ?

Quand les outils numériques renforcent le dialogue social

1/ Les outils numériques permettent de garder le contact en tout temps et en tout lieu,
notamment compte tenu de la démocratisation du télétravail

Attention au risque de surcharge de travail et de surcharge mentale, aux difficultés à distinguer la sphère professionnelle et la sphère privée.

2/ Les outils numériques peuvent faire gagner du temps durant les réunions dès lors qu’ils sont bien utilisés puisqu’ils limitent notamment les temps de trajet et ont conduit les organisateurs à mieux préparer les événements en amont via l’élaboration quasi systématique d’un ordre du jour

Attention, ils peuvent également conduire à l’émergence des « réunionites » où les visioconférences s’enchainent notamment lors de période de négociation, créant une surcharge cognitive pour l’ensemble des parties prenantes.

Quand les outils numériques affaiblissent le dialogue social

1/ Les outils numériques éloignent les représentants du personnel du terrain et réduisent les échanges avec les salariés contribuant pourtant à la remontée des problématiques individuelles et/ou collectives. Or, ce sont ces échanges qui permettent aux représentants du personnel de réaliser leurs prérogatives économiques, sociales et relatives à la santé et la sécurité.

Une solution : Assurer la communication entre les salariés et leurs représentants en les autorisant à utiliser les adresses mails professionnelles des salariés permettant ainsi de pouvoir diffuser des tracts, des sondages…

2/ Les outils numériques contribuent à la disparition des échanges informels.

Une solution : Privilégier a minima l’organisation de réunions en mode hybride, conjuguant de fait le présentiel et le distanciel. Il pourrait également être envisagé de mettre en place un système de permanence en présentiel pour que les salariés puissent échanger avec un représentant du personnel.

3/ Les instances de représentation du personnel ainsi que leurs rôles sont peu connus de la majorité des salariés.
De ce fait, le distanciel peut accroitre ce phénomène :
Ce qui risque de réduire l’engagement syndical des nouvelles recrues.

Une solution : Sensibiliser les salariés sur le rôle des instances de représentation du personnel afin de les démystifier car il est essentiel de renouveler les mandatures permettant d’avoir un CSE dont la composition est représentative de la démographie des effectifs.

4/ La multitude d’outils numériques utilisés (réseaux sociaux, téléphones, visioconférences, messageries instantanées…) a mis en exergue la difficulté à assurer la sécurité des données échangées et leur confidentialité

Une solution : Co-financer une plateforme sécurisée comprenant par exemple une messagerie instantanée, un espace de stockage pour les accords collectifs et les PV d’instance, une FAQ, un espace d’affichage syndical…

Pour conclure, nous pouvons dire que la crise sanitaire a permis de positionner le numérique comme une opportunité certaine pour le dialogue social, dès lors que celui-ci n’est pas utilisé comme un substitutif au dialogue de terrain. Ainsi, il semblerait que le leitmotiv pour les mois à venir sera de mobiliser les outils numériques comme des dispositifs complémentaires pour un dialogue social plus efficient.

Chloé DAVIOT
Consultante chez Sextant Expertise
Doctorante en sciences de gestion et du management – IAE ISM – Laboratoire LAREQUOI

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