
01 Mai 2025
Posté le dans Non classé

Chaque année, le 1er mai résonne comme un écho puissant des luttes ouvrières. Bien qu’il soit jour férié et marqué par des cortèges syndicaux, il symbolise avant tout un pan fondamental de l’histoire sociale française. En retraçant les grandes évolutions du droit du travail, on mesure combien les combats collectifs ont façonné les avancées sociales. Et si l’on regarde de plus près, on comprend mieux le rôle déterminant des syndicats et des institutions représentatives, depuis les premiers comités d’entreprise jusqu’aux CSE d’aujourd’hui.
Un 1er mai né dans la contestation
C’est en mai 1919 que le 1er mai devient officiellement une journée chômée et payée. Cette reconnaissance légale intervient après des années de revendications pour la réduction du temps de travail. Elle s’inscrit dans un contexte de grèves massives, marquant une première victoire tangible pour le mouvement ouvrier. Mais au-delà de cette date, ce sont des décennies de mobilisation qui s’ouvrent.
1936 : le Front populaire et les grandes conquêtes
Lors du printemps de mai 1936, les Accords de Matignon posent les bases d’une transformation profonde. En garantissant la semaine de 40 heures et les congés payés, ils répondent à une aspiration forte du monde salarié. Mais ces acquis sont aussi le fruit d’une pression syndicale soutenue, notamment de la CGT, dans un climat de grève inédit.
1945-1946 : vers un modèle social structuré
À la Libération, le pays ne se reconstruit pas seulement sur le plan économique. Les fondations d’une protection sociale universelle se dessinent. Entre 1945 et 1946, la Sécurité sociale voit le jour, tout comme les premiers comités d’entreprise, précurseurs des CSE. Ces nouveaux outils participent à une meilleure répartition des richesses et à l’émergence d’une gouvernance partagée.

1968 : mai, le souffle de Grenelle
Le mois de mai 1968 marque une période charnière dans l’histoire sociale française. À l’issue de grandes mobilisations, les Accords de Grenelle sont signés dans un climat d’urgence. Ils aboutissent à une revalorisation du SMIG, à une réduction du temps de travail et à une reconnaissance renforcée du rôle des syndicats. Ces avancées illustrent l’émergence du dialogue social comme levier de transformation au sein de l’entreprise. Ce moment clé s’inscrit dans une dynamique de négociation, où les rapports sociaux évoluent vers une confrontation plus structurée et constructive.
1981-1982 : les lois Auroux et l’ouverture démocratique
Au début des années 1980, les lois Auroux donnent un nouvel élan à la démocratie en entreprise. Les salariés obtiennent un droit d’expression, les CE voient leurs marges de manœuvre élargies, et les CHSCT apparaissent pour répondre aux défis de santé au travail. Au-delà de ces avancées, c’est une nouvelle philosophie de participation qui se met en place.
Des années 1980 à 2000 : mutation du marché et adaptation syndicale

Durant ces deux décennies, le marché du travail se transforme sous l’effet de la mondialisation. CDD, intérim, flexibilité deviennent des normes. En effet, malgré les tensions, les syndicats s’emploient à négocier, souvent au niveau local, pour préserver les acquis sociaux et anticiper les dérives.
2015 : loi Rebsamen, simplifier sans affaiblir
En 2015, la loi Rebsamen modifie les modalités de consultation des représentants du personnel, dans un objectif de simplification des instances. Cette évolution soulève des interrogations parmi les organisations syndicales, qui pointent le risque d’un affaiblissement du dialogue social. Néanmoins, les partenaires sociaux poursuivent leur participation active aux processus de concertation.
2017 : ordonnances Macron et nouveau visage du dialogue
Les ordonnances de mai 2017 instaurent un nouveau cadre pour la représentation du personnel. Elles fusionnent les anciennes instances – délégués du personnel, comité d’entreprise et CHSCT – en une seule entité : le Comité Social et Économique (CSE). Cette évolution vise à simplifier le fonctionnement du dialogue social en entreprise. Toutefois, certains y voient une réduction des moyens et des leviers d’action pour les représentants du personnel. Dans ce nouveau contexte, les syndicats s’adaptent progressivement et investissent le CSE comme un espace central de défense des droits collectifs.
Et aujourd’hui ? Le CSE face aux enjeux contemporains
Depuis la crise sanitaire, les questions liées à la santé mentale, à la qualité de vie au travail (QVT) et à l’organisation du travail, notamment avec le développement du télétravail, occupent une place centrale dans le dialogue social. Les CSE se trouvent aujourd’hui en première ligne pour aborder ces enjeux, tout en intégrant progressivement les dimensions environnementales dans leurs missions. Dans ce contexte en constante évolution, le droit du travail s’adapte, renforçant le besoin d’un accompagnement expert pour soutenir les représentants du personnel dans leurs fonctions.
Le 1er mai : une mémoire vivante, un engagement qui se renouvelle

Le 1er mai ne se limite pas à une commémoration symbolique. Il incarne une dynamique toujours active, portée par un dialogue social en constante évolution. Chaque progrès en matière de droits sociaux est le résultat d’un engagement collectif, parfois long et conflictuel, mais toujours tourné vers l’amélioration des conditions de travail. Aujourd’hui, les représentants du personnel, à travers les Comités sociaux et économiques (CSE), poursuivent cet engagement au quotidien.
Dans cette continuité, Sextant Expertise accompagne les élus du personnel, les syndicats et les CSE en leur apportant des outils d’analyse, de formation et de stratégie. En contribuant à renforcer leurs capacités d’action, l’équipe de Sextant soutient un dialogue social éclairé et constructif, en mai comme tout au long de l’année.