
11 Fév 2025
Posté le dans CSE en actu, Décryptage, Non classé, Politique sociale

Alors que la France célèbre la Journée internationale des femmes et des filles de sciences, un constat préoccupant émerge : la féminisation des parcours scientifiques s’effondre. En quatre ans, la part des filles suivant un parcours scientifique après le bac a chuté de 27 points, mettant en péril le renouvellement des talents féminins dans les secteurs du numérique et de l’ingénierie.
Parallèlement, la mixité recule dans les formations techniques, et le syndrome de l’imposteur continue d’entraver la progression des femmes dans ces métiers. Pourquoi une telle régression et comment inverser la tendance ?
Un manque de mixité qui se renforce dans les études techniques
Les chiffres sont sans appel : en 2023, seulement 12 % des élèves ayant choisi la spécialité mathématiques – numérique – sciences informatiques étaient des filles. Pourtant, ces matières sont essentielles pour accéder aux écoles d’ingénieurs, où la part des femmes reste très faible (20 % en 2023).

À l’inverse, les universités maintiennent une certaine mixité, notamment en sciences et technologies, bien que les filles se dirigent majoritairement vers les filières médicales et paramédicales..
Plusieurs facteurs expliquent cette absence de mixité :
- Des stéréotypes persistants, influençant les choix d’orientation dès le lycée.
- Un manque de modèles féminins dans les filières scientifiques.
- Des processus de sélection perçus comme plus exigeants, décourageant certaines candidates
Ces inégalités se reflètent dans certains secteurs clés : 88 % des entreprises du numérique et 73 % des entreprises d’ingénierie déplorent un nombre insuffisant de candidatures féminines.
L’étude de l’OPIIEC 2023 : les chiffres clés sur les femmes dans le numérique et l’ingénierie
L’étude de l’OPIIEC 2023 met en lumière des difficultés majeures pour les femmes dans ces secteurs :
- 23 % des candidatures aux formations numériques et 34 % en ingénierie proviennent de femmes.
- 88 % des entreprises du numérique et 73 % des entreprises de l’ingénierie déclarent recevoir très peu de candidatures féminines
- 43 % des lycéennes pensent ne pas avoir le niveau pour une école d’informatique, contre 78 % des garçons convaincus du contraire

Face à cette réalité, l’alternance et les stages apparaissent comme des leviers efficaces pour attirer plus de femmes vers ces secteurs
Le syndrome de l’imposteur, un frein supplémentaire pour les femmes en formation
Dès l’adolescence, le sentiment d’illégitimité impacte les choix de carrière des filles. Elles se sentent moins compétentes en sciences, même à niveau égal avec leurs homologues masculins. Ce phénomène se poursuit tout au long de leur vie professionnelle.
Le dernier rapport de la Cour des comptes met en évidence un paradoxe frappant : bien que les femmes soient, en moyenne, plus diplômées que les hommes, elles restent sous-représentées dans les postes les plus prestigieux et les mieux rémunérés.
Ainsi, dans le cadre de la formation continue, les femmes se sur-forment pour compenser ce sentiment. Elles sont surreprésentées dans les formations liées aux soft-skills et à la gestion des émotions, tandis que les hommes restent sous-représentés sur ces thématiques.

Sciences : encourager les femmes à embrasser ces carrières
Pour inverser la tendance, plusieurs actions doivent être mises en place :
- Promouvoir la mixité des études scientifiques en sensibilisant les jeunes filles aux débouchés des carrières techniques et numériques.
- Encourager l’alternance et les stages pour faciliter l’insertion des femmes dans ces secteurs.
- Lutter contre le syndrome de l’imposteur via des formations de confiance en soi et des actions de mentorat.
- Rendre les processus de recrutement plus inclusifs, notamment en valorisant les compétences et parcours atypiques.
La féminisation des sciences est un enjeu majeur pour l’avenir de l’innovation et de la performance économique. Sensibiliser, accompagner et donner aux femmes les moyens de réussir dans ces domaines est une priorité. En cette Journée internationale des femmes et des filles de science, il est plus que jamais nécessaire d’agir.