Sextant Expertise au cœur du débat sur l’adaptation du travail au changement climatique

17 Fév 2025

L’adaptation du travail aux bouleversements climatiques n’est plus une question de demain. C’est une urgence d’aujourd’hui. Lors du séminaire « Politiques de l’emploi – Interactions de l’économique et du juridique », organisé par la Direction générale du Trésor et co-organisé avec le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, les experts ont dressé un constat alarmant : les conditions de travail sont déjà impactées par le changement climatique, et la France accuse un retard en matière de régulation.

Christian Pellet, président de Sextant Expertise, a alerté sur les conséquences directes du réchauffement climatique sur la santé et la sécurité des travailleurs.
« Les risques de décès, de maladies chroniques et d’accidents sont en augmentation. La chaleur excessive altère la vigilance, accroît la fatigue et compromet le port des équipements de protection. Cela touche en premier lieu les secteurs les plus exposés : agriculture, construction, transport et logistique », a-t-il précisé.

Malgré ces constats, l’adaptation demeure embryonnaire en France. Si certaines branches commencent à intégrer le risque de forte chaleur dans leurs outils d’évaluation des risques, les mesures concrètes restent rares. « Les solutions existent, mais elles se heurtent à des contraintes organisationnelles, culturelles et économiques. Or, sans régulation forte, elles sont trop souvent laissées à la charge des individus », a dénoncé Christian Pellet.

Un point crucial a également été soulevé : l’Outre-mer reste largement absent des discussions sur l’adaptation du travail au changement climatique.
« Ces territoires sont en première ligne face aux cyclones, tempêtes et élévations du niveau de la mer. Pourtant, ils ne figurent pas dans les lieux prioritaires des stratégies d’adaptation », a ainsi souligné une participante au séminaire. Une prise en compte urgente est nécessaire pour éviter de creuser davantage les inégalités face aux risques climatiques.

Isabelle Desbarats, professeure de droit à l’Université Toulouse-Capitole a rappelé que 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée.
« Les hausses de température rendent les environnements de travail plus dangereux et augmentent les coûts pour les entreprises : hausse des assurances, perte de productivité, absentéisme et difficultés de recrutement », a-t-elle expliqué. Selon l’OIT, chaque degré au-dessus de 24°C entraîne une perte de productivité de 2,6 %, et au-delà de 34°C, elle peut atteindre 50 %.

Mireille Chiroleu-Assouline, professeure d’économie à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et à la Paris School of Economics a présenté les initiatives réglementaires mises en place à l’étranger. En Belgique, un indice de stress thermique (WBGT) impose des adaptations dès que certains seuils sont dépassés. En Autriche, Lettonie, Slovénie et au Portugal, une température maximale est fixée dans les locaux de travail.
« Ces mesures sont des modèles dont la France devrait s’inspirer pour protéger efficacement ses travailleurs », a-t-elle conclu.

Suite à ses échanges avec les syndicats, Christian Pellet a évoqué le lancement du baromètre « Santé-Travail et Climat » lors du Salon de l’Agriculture 2025.
Cet outil vise à cartographier les risques liés au climat dans les différents métiers et territoires, afin d’identifier les solutions d’adaptation et d’innovation. Il permettra de mieux anticiper les impacts du changement climatique sur la santé au travail, tout en prenant en compte les spécificités des branches et des filières agricoles.
Plusieurs acteurs clés du secteur ont déjà confirmé leur participation à ce baromètre.

Face à ces constats, le séminaire a réaffirmé l’urgence d’une régulation adaptée. Syndicats et organisations patronales s’accordent sur un point : des efforts de sensibilisation sont indispensables. Christian Pellet l’a rappelé en conclusion :
« Le travail est au cœur de notre société. Si nous voulons protéger les travailleurs et garantir une économie résiliente, nous devons agir sans attendre. »

L’adaptation du travail au changement climatique ne peut plus être perçue comme une contrainte. C’est un enjeu essentiel pour la santé, la sécurité et la productivité. Il est temps d’engager une réforme ambitieuse.

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