Prévenir la pénibilité, protéger la santé : la mission des élus CSE pour un travail digne

Des élus CSE engagés pour le travail décent

06 Oct 2025

travail décent et CSE

En France, certains secteurs continuent d’exposer leurs salariés à des conditions de travail particulièrement éprouvantes. Dans l’agriculture, la durée hebdomadaire atteint 55 heures contre 37 heures pour l’ensemble des actifs. Dans le BTP, 76 758 accidents du travail avec arrêt ont été enregistrés en 2023, dont près de la moitié liés à la manutention manuelle selon l’Assurance Maladie. Quant à l’industrie, plus de la moitié des salariés sont exposés à une pénibilité physique élevée (Dares, 2019).

Ces données traduisent une réalité quotidienne : derrière chaque statistique, des femmes et des hommes subissent fatigue, douleurs et parfois des drames irréversibles. Le concept de travail décent prend alors tout son sens. Il ne s’agit pas seulement d’un salaire, mais aussi de sécurité, de dignité et d’équilibre de vie. Dans ce combat, les élus CSE et représentants syndicaux jouent un rôle clé : transformer ces constats en actions concrètes de prévention.

Dans le BTP, la sinistralité reste élevée malgré une légère baisse : en 2023, 149 décès ont encore été recensés (-11,3 % par rapport à 2022). Les chutes de hauteur et de plain-pied représentent 27 % des accidents et 22 % des décès .

Travail et pénibilité en France

Le secteur agricole cumule les difficultés. En 2021, la Mutualité Sociale Agricole a enregistré près de 13 000 accidents avec arrêt chez les salariés agricoles, et plus de 11 000 chez les exploitants (Insee, 2021). À cela s’ajoute l’emploi massif de saisonniers… qui rencontrent fréquemment des conditions de logement précaires.

Dans l’industrie, les conséquences de la pénibilité sont massives : 52 % des salariés du privé sont exposés de manière élevée ou très élevée aux contraintes physiques, et 78,6 % de ceux qui subissent une forte exposition déclarent souffrir régulièrement de douleurs (Etude DARES). L’absentéisme progresse : en 2023, 47 % des entreprises manufacturières déclarent une hausse..

Or, la prévention reste lacunaire. Moins d’un établissement sur deux dispose d’un DUERP à jour (Étude Ministère du Travail/Otre, 2019-2024), et ce taux chute encore dans les TPE/PME, particulièrement nombreuses en agriculture et dans le BTP.

Les élus disposent pourtant d’outils concrets pour agir.

  • Le DUERP comme levier de prévention
    Le CSE doit s’assurer que ce document reflète fidèlement la réalité du travail et serve de base au PAPRIPACT (plan d’action prévention). Il ne doit pas rester un dossier administratif, mais devenir un outil vivant.
  • L’enquête post-accident comme révélateur
    Les représentants du personnel doivent participer à chaque enquête menée après un accident grave. L’objectif : identifier les causes profondes (surcharge, défaut de formation, matériel inadapté) plutôt que de s’arrêter aux seules causes immédiates.
  • La négociation sur les temps de travail
    Dans des secteurs où la durée du travail peut atteindre des sommets, comme l’agriculture ou le BTP, les élus doivent négocier des accords QVT pour garantir des horaires compatibles avec une vie digne.

L’évaluation des risques, qu’il s’agisse de produits chimiques, d’ergonomie ou de risques psychosociaux, requiert une expertise spécifique que les élus n’ont pas toujours en interne. Le recours à un expert agréé, comme Sextant expertise, permet :

  • de réaliser un diagnostic participatif des conditions de travail, au-delà du simple DUERP,
  • de garantir la traçabilité des expositions pour le Compte Professionnel de Prévention (C2P), essentiel pour sécuriser le droit à une retraite décente,
  • de renforcer la légitimité des élus dans le dialogue avec l’employeur.

La loi encadre ces recours : en cas de risque grave, de projet important ou de consultation sur le DUERP, le CSE peut solliciter un expert externe.

Le CSE pour le travail décent - DUERP

Le travail décent n’est pas un idéal abstrait, mais une obligation légale et morale. Les élus du CSE et les représentants syndicaux portent la responsabilité. Leur rôle est essentiel : transformer des statistiques alarmantes en actions concrètes, faire du DUERP un outil vivant, et mobiliser l’expertise quand les compétences manquent.

En ce 7 octobre, journée mondiale d’action pour le travail décent, le message est clair : la dignité et la sécurité au travail ne sont pas négociables. C’est collectivement, élus, syndicats et salariés, que nous pouvons imposer une prévention ambitieuse et garantir à chacun non seulement le droit de travailler, mais celui de travailler dignement.

Derniers articles