
15 Juil 2025
Posté le dans CSE en actu, Décryptage, Politique sociale, Santé et Conditions de travail

Le 15 juillet marque la Journée mondiale des compétences des jeunes, une date clé pour réfléchir aux leviers qui favorisent leur insertion professionnelle. Cette journée rappelle combien leur intégration dans l’entreprise est un enjeu majeur, dans un contexte où leur situation sur le marché du travail reste fragile.
Les jeunes : entre précarité persistante et aspirations nouvelles
En 2024, le taux d’emploi des 15-24 ans atteignait 34,4 % (INSEE). Cette progression reste limitée, et la précarité des jeunes demeure forte : 23 % des emplois qu’ils occupent sont à temps partiel, avec un écart important entre les sexes (30,3 % des jeunes femmes contre 16,5 % des jeunes hommes).
Le taux de chômage des jeunes reste élevé : 17,2 % en 2023, contre 7,3 % pour l’ensemble des actifs (INJEP). La précarité touche encore plus durement les jeunes peu ou pas diplômés : 40,9 % des jeunes non diplômés ayant quitté le système scolaire depuis 1 à 4 ans sont au chômage.
Malgré ces difficultés, les jeunes affichent des aspirations claires selon l’INJEP: 60 % d’entre eux préfèrent un CDI, même si le poste est moins intéressant. Ils privilégient également l’autonomie et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Dialogue social : un levier clé pour améliorer l’insertion des jeunes
Face à ces constats, les élus CSE, les IRP et les syndicats ont un rôle déterminant pour accompagner l’insertion des jeunes.
D’une part, le dialogue social permet de garantir des conditions de travail plus protectrices : salaires minimums, primes spécifiques, congés supplémentaires ou protection sociale renforcée. Ces avancées, négociées collectivement, constituent un filet de sécurité pour les jeunes travailleurs.
D’autre part, il favorise leur intégration à travers des mesures concrètes comme le développement de l’alternance. En 2022, 28,4 % des jeunes actifs étaient en contrat d’apprentissage (INJEP), preuve de l’importance de ce mode d’entrée dans l’emploi.
Le dialogue social peut aussi promouvoir des parcours d’intégration spécifiques, associant tutorat, mentorat, formation et accompagnement dans les premiers mois d’activité.
Construire des ponts entre générations : un atout collectif

L’intégration des jeunes ne peut se penser sans réflexion sur les liens intergénérationnels. Seniors et jeunes ont des atouts complémentaires. Les seniors apportent leur expérience, leur vision stratégique et leur réseau. Les jeunes maîtrisent les outils numériques, savent s’adapter aux nouvelles technologies et introduisent innovation et agilité dans les équipes (Bpifrance).
Cette complémentarité encourage les entreprises à développer des dispositifs comme le mentorat intergénérationnel ou le reverse mentoring, où les plus jeunes accompagnent les seniors dans la prise en main des outils digitaux.
Certains employeurs vont plus loin en mettant en place des binômes senior/junior dès la prise de poste. Ces initiatives renforcent la cohésion et la transmission des savoirs, tout en valorisant les compétences des jeunes.
Une participation encore limitée des jeunes au dialogue social
Malgré leur importance dans l’entreprise, les jeunes restent peu représentés dans les instances représentatives du personnel. Seuls 5 % des moins de 35 ans sont syndiqués, et les moins de 25 ans ne représentent que 2 % des adhérents syndicaux (IRES).
Cette faible participation s’explique par leur précarité et par une perception d’institutions éloignées de leurs préoccupations. Beaucoup considèrent qu’il faut des années d’expérience pour rejoindre un syndicat
Ils sont aussi plus nombreux à investir d’autres formes d’engagement : associations, mouvements citoyens, collectifs indépendants.
Vers un dialogue social plus inclusif
Pour que le dialogue social réponde mieux aux attentes des jeunes, les acteurs traditionnels doivent se réinventer. Les organisations syndicales adaptent déjà leurs pratiques : communication sur les réseaux sociaux, formats plus accessibles, place donnée aux jeunes dans les décisions.
Les élus CSE ont un rôle clé à jouer. Ils peuvent sensibiliser les jeunes salariés dès leur arrivée, leur expliquer l’intérêt de la négociation collective et favoriser leur participation active aux discussions sur les conditions de travail.
Le dialogue social est aussi un levier pour lutter contre les discriminations à l’embauche liées à l’âge. En 2024, 23 % des entreprises ont déjà écarté une candidature en raison de l’âge, bien que 96 % se disent prêtes à élargir leurs critères .
Une ambition partagée
En cette Journée mondiale des compétences des jeunes, l’insertion professionnelle des jeunes et leur pleine participation au dialogue social apparaissent comme des enjeux essentiels pour construire des entreprises plus justes, plus ouvertes et plus performantes.
La transmission des savoirs, la complémentarité des compétences et la reconnaissance des aspirations spécifiques des jeunes sont des leviers majeurs pour un dialogue social vivant et constructif.